Le poème « Synthèse II (poèmes de Bukavu) » intègre le livre o mais difícil do capitalismo é encontrar o sítio onde pôr as bombas (le plus difficile du capitalisme est de trouver l’endroit où mettre les bombes), de Judite Canha Fernandes. Judite est née à Funchal en 1971 et, en 1980, a déménagé à Ponta Delgada, où elle a grandi. Elle est écrivaine, dramaturge, chercheuse et militante féministe. Elle a été représentante de l’Europe au Comité International de la Marche Mondiale des Femmes entre 2011 et 2016. Le livre de poésie le plus difficile du capitalisme est de trouver l’endroit où mettre les bombes a été demi-finaliste du Prêmio Oceanos 2018 (Prix Océans). Son premier roman Um passo para sul (Un pas vers le sud) a reçu le Prix Agustina Bessa Luís (2018), a été nominé comme le meilleur livre de fiction narrative par la Société Portugaise des Auteurs (2019) et demi-finaliste du Prêmio Oceanos (2020). Judith a publié des livres de poésie, de fiction et de théâtre au Portugal, au Brésil et en Italie. Plus d’informations sur son site web ou sur les réseaux sociaux.
« Synthèse II (poèmes de Bukavu) » rend hommage aux femmes qui se battent pour la terre sur le continent africain et dans d’autres parties du monde. Le poème mentionne Berta Cáceres, grande leader féministe et écologiste Hondurienne, leader du peuple Lenca et participante du Conseil Civique des Organisations Populaires et Indigènes du Honduras (COPINH). Berta a été assassinée le 3 mars 2016 pour avoir affronté les puissants du pays et la construction d’une centrale hydroélectrique sur le territoire de Lenca. Les assassins ont été condamnés, mais jusqu’à présent, la justice n’a pas jugé les auteurs de ce crime politique.
Ce poème évoque une rencontre que j’ai eue avec une femme à Bukavu, en République Démocratique du Congo, lorsque j’y étais en 2010, à l’issue de l’Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes. Elle est venue me parler pour essayer de comprendre pourquoi la terre où elle cultivait avait inexplicablement cessé de produire. Pour poser cette question, elle était accompagnée d’un groupe de femmes du village où elle vivait. Pour y arriver, elles étaient parties à l’aube et avaient marché pendant plus de cinq heures.
Sinthèse II (poèmes de Bukavu)
la terre décrut, l’on ne voyait tendron ni coussin de semelles,
tout a séché.
pas de maïs
pas de pomme
rien de rien.
cinq kilos de farine de l’onu
remplie de punaise et d’illusions
pour nous sept.
l’on ne comprenait point.
elle voulait repousser le futur dans ses fils,
dans ses filles déposer un secret espoir
cinq kilos cinq
et terre morte.
impossible même de repousser un rêve.
cinq heure à pied
pieds sur terre immaculée
battant, battant
piétinant les vers de terre, brindille éparpillée
berta flor sur le chemin
entre dans la salle et demande :
la terre ne donne rien. pourquoi ?
rentre habillée en ouragan
intelligence fonde, ancienne, dans les yeux.
(je l’ai connue ainsi, entre les bombes,
dans une université fraîchement peinte,
le teint rouge encore sur ma robe blanche)
y a-t-il diamant proche ?
il y a.
(il y avait bijou, y avait pas maïs)
y a-t-il un trou ? il y a.
l’eau va-t-elle ensemble ? elle va.
(l’eau coule comme d’habitude)
alors elle a fait un pont.
l’air a rejoint l’eau a rejoint soufre
tout a flétri.
berta flor fut communiquer les dirigeants.
ma terre est morte tant on a fouillé ses poches
elle a dit à des orateurs du vide ceos et d’autres
aras
taisez les explosions. taisez-vous.
je veux dormir.
et le diamant ? dit l’un, éclat de convoitise aux mains.
berta lui a tiré cinq kilos de faire de l’onu aux yeux
et lui a percé dans la bouche les punaises.
voyez-vous comme les gens sont politiques ?
en raison de l’industie automobile
le fils de berta ne marche pas encore.
en raison d’un offshore au panama la pomme de terre fut exterminée.
en raison des chantiers de viana, joaquim ne dort pas.
en raison d’une hydroélectrique
ou d’une entreprise de construction on avait soif,
et berta cáceres fut assassinée chez elle,
quand mars avait à peiné débuté.