Il y a 67 ans aujourd’hui, le 1er décembre, à Montgomery, aux États-Unis, Rosa Parks refusait de se lever de son siège dans un bus pour céder sa place à des personnes Blanches. Parks était une militante de la National Association for the Advancement of Colored People – NAACP [Association nationale pour la promotion des personnes non blanches] et son attitude a fait date dans les revendications antiracistes et antiségrégationnistes du pays.
Pour célébrer cet acte d’insubordination resté gravé dans la mémoire des personnes Noires du monde entier, nous partageons aujourd’hui un extrait du livre Mon histoire, publié pour la première fois en 1992. Dans le chapitre « Vous êtes en état d’arrestation », Rosa Parks nous raconte le jour où elle a été emmenée en prison, comment elle a été traitée et quelles stratégies politiques pour dénoncer la ségrégation raciste étaient discutées à l’époque.
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En état d’arrestation
Je pense que la ségrégation dans les transports publics mettait les Noirs de Montgomery particulièrement en colère ; et cela depuis qu’elle était appliquée. Les lois sur la ségrégation des transports dataient de 1900, et les Noirs de Montgomery avaient alors boycotté les trams jusqu’à ce que le conseil municipal passe un arrêté déclarant que personne n’avait à laisser sa place s’il y avait une autre place de libre. Les années passant, les pratiques avaient évolué mais la loi restait la même. Lorsque le chauffeur m’avait forcée à descendre du bus en 1943, il avait en fait agi en toute illégalité, puisqu’il y avait des sièges libres. En 1945, deux ans plus tard, l’État de l’Alabama avait fait passer une loi obligeant toutes les compagnies de bus sous sa juridiction à appliquer drastiquement la ségrégation. Mais cette loi ne précisait pas ce que les chauffeurs devaient faire dans un cas comme le mien.
Voilà où nous en étions alors, un demi-siècle après les premières lois de ségrégation, avec cinquante mille Africains-Américains vivant à Montgomery. Il y avait bien plus de Noirs qui prenaient le bus que de Blancs, parce que ces derniers avaient les moyens d’avoir une voiture. C’était très humiliant de subir la violence de la ségrégation dans les bus deux fois par jour, cinq fois par semaine, pour aller en ville… travailler pour les Blancs.
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Jo Ann Robinson était une professeure d’anglais de l’Alabama State College. Elle était une des fondatrices du Women’s Political Council. Elle avait elle aussi eu des soucis avec des chauffeurs de bus, mais elle n’arriva pas tout de suite à mobiliser les autres femmes du Council sur la question. Elle venait de Cleveland, Ohio, alors que la plupart de ses camarades étaient natives de Montgomery. Lorsqu’elle évoquait le comportement inacceptable des chauffeurs, on lui répondait que c’était la routine de Montgomery. Elle allait régulièrement se plaindre à la compagnie de bus au nom du Women’s Political Council. Elle réussit finalement à faire en sorte que les bus marquent des arrêts à chaque coin de rue dans les quartiers noirs, comme ils le faisaient dans les quartiers blancs. Mais cela n’était qu’une toute petite victoire.
Ce qui l’indignait, comme la plupart d’entre nous, était que plus de 70 % des usagers des bus étaient des Noirs, ce qui renforçait notre sentiment d’injustice face à la ségrégation. Mais ni la compagnie de bus, ni le maire, ni les conseillers municipaux ne voulaient entendre nos arguments. Je me souviens avoir eu de longues discussions sur l’opportunité d’un boycott des bus, pour frapper la compagnie au porte-monnaie. Mais lorsque je demandais à des amis s’ils étaient prêts à ne pas utiliser les bus pour faire changer les choses, ils répondaient invariablement qu’ils habitaient trop loin de leur travail pour pouvoir se passer des transports en commun. Le boycott semblait donc impossible à organiser. La NAACP de Montgomery commençait à envisager une plainte en justice contre la municipalité sur la ségrégation dans les transports. Mais il fallait d’une part trouver le bon plaignant et d’autre part s’appuyer sur un cas exemplaire. Pour des raisons stratégiques, il aurait fallu trouver une femme comme plaignante, car une femme susciterait davantage de sympathie du public qu’un homme. Il fallait également que la plaignante soit au-dessus de tous soupçons, qu’elle ait une bonne réputation et que sa seule faute soit d’avoir refusé de céder sa place dans un bus.
Auparavant, au printemps 1955, une adolescente du nom de Claudette Colvin43 et une femme âgée, toutes deux noires, avaient refusé de céder leurs places à des Blancs dans la partie centrale d’un bus. Quand le chauffeur fit intervenir la police, la vieille dame descendit du bus mais Claudette refusa de bouger, arguant qu’elle avait payé son billet et qu’elle n’avait aucune raison de laisser sa place. La police la fit descendre de force et l’arrêta. (…)
Après l’arrestation de Claudette, un groupe de militants soumit une pétition aux dirigeants de la compagnie de bus et au conseil municipal de Montgomery. Ils revendiquaient de meilleurs traitements et l’abolition des marques visibles de ségrégation. Ils ne demandaient donc même pas l’abolition de celle-ci, ils voulaient simplement que les Blancs s’assoient à l’avant, les Noirs à l’arrière et que la ligne les séparant soit là où les uns et les autres se rencontrent. Je crois aussi me souvenir que la pétition demandait que des conducteurs noirs soient embauchés. La ville et la compagnie mirent des mois à répondre à ces revendications et, quand ils le firent, ce fut pour les rejeter en bloc.
(…)
Je savais qu’il fallait une plaignante au-dessus de tous soupçons, je l’avais entendu dire lors des discussions à propos d’éventuelles actions en justice. Mais ce n’est pas pour cela que je refusai de céder ma place à un homme blanc dans un bus ce jeudi 1er décembre 1955. Je n’avais aucune intention de me faire arrêter, et d’ailleurs, si j’avais fait davantage attention, je ne serais même pas montée à bord.
J’étais très occupée ces jours-ci. (…) Ce soir du 1er décembre 1955, comme d’habitude après le travail, j’attendais le bus de Cleveland Avenue à Court Square pour rentrer chez moi. Perdue dans mes pensées, je ne prêtai pas attention au conducteur, comme j’avais pris l’habitude de le faire. Le temps de m’en rendre compte, j’étais déjà à bord et avais payé mon billet : je me retrouvai face au conducteur qui m’avait fait descendre du bus douze ans plus tôt, en 1943. Il était toujours aussi imposant, sa peau toujours aussi rouge et abîmée ; il avait toujours l’air aussi méchant. Je ne savais pas s’il avait déjà conduit sur cette ligne, car les chauffeurs tournaient de temps en temps. En revanche je savais pertinemment que chaque fois que je l’avais reconnu, je n’étais pas montée dans le bus.
Je vis une place libre dans la partie centrale du bus et m’y assis. Je ne me posai même pas la question de savoir pourquoi cette place était libre alors même que certaines personnes étaient debout à l’arrière du bus. En y repensant, j’imagine que quelqu’un m’avait vu monter et avait eu la courtoisie de me laisser la place. Un homme était assis à côté de la fenêtre, et deux femmes de l’autre côté du couloir central.
L’arrêt suivant était Empire Theater et des Blancs montèrent à bord. Ils occupèrent tous les sièges de la section blanche et il restait un homme debout. Le conducteur jeta un œil à l’arrière et le remarqua. Il nous regarda et dit : « Libérez-moi donc ces premières rangées de sièges. » C’étaient en effet les places avant de la section noire. Personne ne bougea. Nous restâmes assis tous les quatre. Puis, il lança : « Ne vous attirez pas inutilement des problèmes, libérez-moi donc ces places. »
L’homme assis à côté de la fenêtre se leva et je me décalai légèrement pour le laisser passer. De l’autre côté, je vis également les deux femmes se lever. Quant à moi, je restai assise et m’installai à côté de la fenêtre, où était assis celui qui s’était levé. Je ne voyais pas en quoi me lever allait m’empêcher de « m’attirer inutilement des problèmes » : je savais très bien que plus l’on se soumettait, plus ils nous maltraitaient. (…)
Les gens ont répété à l’envi que je n’ai pas cédé ma place ce jour-là parce que j’étais fatiguée, mais ce n’est pas vrai. Je n’étais pas particulièrement fatiguée physiquement, pas plus qu’un autre jour après une journée de travail. Je n’étais pas si vieille, bien qu’on m’imagine toujours comme une petite grand-mère. J’avais 42 ans. Mais s’il y avait bien une chose qui me fatiguait, c’était de courber l’échine.
Le chauffeur vit que je ne bougeais pas et me demanda si j’allais finir par me lever, je répondis que non. Il dit alors : « Très bien, je vais te faire arrêter. » Ce à quoi je répliquai : « Vous n’avez qu’à faire ça. » Voilà à quoi se réduisit notre conversation. Je ne connaissais pas son nom, je ne l’appris qu’une fois au tribunal, il s’appelait James Blake. Il descendit du bus pour attendre l’arrivée de la police.
Pendant ce temps, j’essayais de ne pas penser aux conséquences. Je pouvais m’attendre au pire, être malmenée, être passée à tabac, être arrêtée. On m’a souvent demandé par la suite si j’avais prévu que cet incident pourrait être ce que la NAACP attendait pour intenter un recours collectif. Mais cela ne m’a même pas traversé l’esprit. En fait, à ce moment-là, si j’avais commencé à réfléchir à ce qui pouvait m’arriver, je crois que je serais tout simplement descendue. Mais j’ai choisi de ne pas bouger.
Pendant ce temps-là, des gens descendaient du bus pour en prendre un autre, il y avait donc de moins en moins de passagers à bord, en particulier à l’arrière. Ceux qui ne descendirent pas restaient très silencieux. Les rares conversations se faisaient à voix basses, plus personne ne parlait fort. Je me demande ce qu’il se serait passé si le bus s’était vidé entièrement. (…)
Finalement, deux policiers arrivèrent, ils montèrent à bord et l’un d’eux me demanda pourquoi je ne voulais pas me lever. Je lui répondis : « Pourquoi est-ce que vous nous malmenez autant ? » Je me souviens très précisément de sa réponse : « Je ne sais pas… mais la loi est la loi et tu es en état d’arrestation. » Un des policiers prit mon sac à main, l’autre mon panier à provisions, ils me firent monter dans leur voiture et me rendirent mes affaires. Ils ne posèrent pas leurs mains sur moi et ne me forcèrent pas à monter dans le véhicule. Ils retournèrent voir le chauffeur pour lui demander s’il voulait porter plainte. Il répondit qu’il allait finir son service puis qu’il viendrait au commissariat pour faire sa déposition. Je fus placée en garde à vue, puis, après le dépôt de sa plainte, en état d’arrestation.
Alors que nous nous dirigions vers le poste de police, près de Court Street, l’un des policiers me demanda encore une fois : « Pourquoi est-ce que tu ne t’es pas levée quand le chauffeur te l’a demandé ? » Je ne répondis pas et gardai le silence jusqu’au commissariat.
Arrivée là-bas, je demandai un verre d’eau, car ma gorge était toute sèche. Il y avait une fontaine juste à côté de moi. L’un des policiers accepta, mais alors que je me penchai pour boire, l’autre me lança : « Non, tu ne peux pas boire. Tu dois attendre d’être placée en détention pour ça. » (…) Je demandai si je pouvais téléphoner à quelqu’un, ce qu’on me refusa. Puisque c’était ma première arrestation, je ne savais pas s’il s’agissait de discrimination ou si c’était la procédure normale. De fait, cela avait tout l’air d’être de la discrimination. Ils me firent ensuite remonter en voiture et m’emmenèrent à la prison de la ville sur North Ripley Street.
Une fois en prison, je n’avais pas peur, j’étais plus résignée qu’autre chose. Je ne me souviens pas avoir été vraiment en colère à ce moment-là, en tout cas pas assez pour protester. J’étais prête à endurer ce qu’il fallait. Je demandai encore une fois si je pouvais passer un coup de fil, ma question fut tout simplement ignorée.
(…)
Elle [la gardienne] me fit monter des escaliers pour rejoindre l’étage où se trouvaient les cellules. Nous passâmes une porte couverte de barreaux en métal et parcourûmes un couloir mal éclairé. Elle me fit entrer dans une cellule, vide et sombre, et claqua la porte derrière moi. Je l’entendis s’éloigner puis revenir vers la porte et me dire : « Il y a deux filles dans une cellule de l’autre côté, si vous voulez je peux vous mettre avec elles pour que vous ne soyez pas toute seule. » Je lui répondis que cela m’était égal, mais elle me dit : « Je vais vous emmener là-bas, comme ça, vous ne serez pas seule en cellule. » Je pense que c’était sa manière d’essayer d’être gentille avec moi, mais je ne me sentais pas mieux pour autant. (…) Comme elle l’avait dit, la cellule était occupée par deux femmes noires. L’une d’entre elles commença à discuter avec moi, l’autre fit comme si je n’étais pas là. Celle qui m’adressa la parole me demanda d’abord pourquoi j’étais là, je répondis que j’avais été arrêtée dans le bus.
« C’est clair que certains de ces chauffeurs sont vraiment mauvais. Tu es mariée ? » me demanda-t-elle. Je répondis que oui. « Alors, ton mari ne va pas te laisser pourrir ici », me rétorqua-t-elle.
Elle voulut savoir si elle pouvait faire quoi que ce soit pour moi, je lui dis que si elle avait une tasse, j’aimerais bien boire un peu d’eau. Elle avait un mug en métal accroché au-dessus des toilettes, elle y versa un peu d’eau du robinet et me le tendit. Je bus deux gorgées et elle commença à me raconter ce qui l’avait menée en prison. Son histoire m’intéressait et je me demandais comment j’aurais pu l’aider.
Elle était enfermée depuis plus de cinquante jours. Elle était veuve mais entretenait une relation avec un homme depuis la mort de son mari. Un jour qu’il était énervé contre elle, il l’avait battue. Elle avait attrapé une hachette pour riposter, l’avait blessé et il l’avait fait arrêter.
Elle avait deux frères mais n’avait pas réussi à les contacter. Après qu’elle eut déjà passé un certain temps en prison, l’homme qui l’avait battue s’était remis de ses blessures. Il se proposa de l’aider à sortir de prison à la seule condition qu’elle se remette avec lui : elle refusa ce chantage. Elle était donc enfermée, sans pouvoir entrer en contact avec qui que ce soit qui pourrait l’aider à sortir.
Elle avait un crayon, mais pas de papier, moi non plus, puisqu’on m’avait confisqué mon sac. Alors qu’elle avait fini de me raconter son histoire, la gardienne revint et me demanda de sortir de la cellule. Je ne savais pas où elle m’emmenait jusqu’à ce que nous arrivions à une cabine téléphonique. Elle me donna une carte et me demanda d’y inscrire le nom et le numéro de mon correspondant. Elle mit une pièce dans le téléphone, composa le numéro que j’avais écrit et resta à mes côtés pour pouvoir écouter ce que je disais.
J’appelai chez moi, mon mari et ma mère y étaient tous les deux, c’est cette dernière qui répondit.
« Je suis en prison. Demande à Parks de venir pour essayer de me faire sortir.
— Est-ce qu’ils t’ont frappée ?
— Non, je n’ai pas été frappée, mais je suis en prison. »
Elle passa alors le téléphone à mon mari.
« Parks, est-ce que tu veux bien venir me faire sortir d’ici ? Je suis en prison…
— Je serai là dans quelques minutes. »
Il n’avait pas de voiture, je savais donc que ce serait un peu plus long que ça. Mais alors que nous étions toujours au téléphone, un de ses amis – qui était véhiculé – arriva chez nous. Il était là parce qu’il avait entendu dire que j’avais été arrêtée, il était venu pour nous proposer de l’aide. Parks me dit qu’ils prenaient la route sans attendre.
La gardienne me ramena ensuite en cellule.
Comme l’avait dit l’ami de Parks, mon arrestation commençait à se savoir. M. Nixon, par exemple, avait été prévenu par sa femme, qui le savait par une voisine, Bertha Butler, qui avait vu la police m’escorter en dehors du bus. M. Nixon avait appelé la prison pour savoir quelles étaient les charges retenues contre moi, mais on avait refusé de lui répondre. Il avait ensuite essayé de contacter Fred Gray, l’un des deux avocats noirs de Montgomery, mais il n’était pas là. Il appela donc l’avocat blanc Clifford Durr, le mari de Virginia Durr. Celui-ci appela la prison à son tour et on lui dit que j’avais été arrêtée pour avoir enfreint les lois ségrégatives. On lui communiqua également le montant de la caution.
(…)
Lorsque je revins en cellule, ma codétenue avait finalement trouvé un tout petit bout de papier froissé. Elle y écrivit les noms et les numéros de téléphone de ses frères, en me disant qu’il fallait les appeler très tôt car ils partaient au travail à six heures du matin. Je lui promis de le faire dès ma sortie.
Mais la gardienne arriva pour m’annoncer que j’étais libérée avant même qu’elle ait pu me donner le bout de papier, et on me fit sortir précipitamment. Elle était juste derrière moi mais elle savait qu’elle ne pourrait passer la grille qui était en bas des escaliers. Depuis l’étage, elle jeta donc le papier vers les escaliers et il atterrit juste à mes pieds, je le ramassai et le glissai dans ma poche.
Mme Durr fut la première personne que je vis lorsque je franchis la grille, escortée par deux gardiennes. Elle avait les larmes aux yeux et avait l’air bouleversée, se demandant probablement à quel point j’avais été malmenée. Dès que je fus sortie, elle m’enlaça et m’embrassa comme si nous étions sœurs. (…) Nous sortîmes de la prison sans beaucoup parler, mais je me souviens que c’était un moment très émouvant. Ce n’est qu’une fois dehors que je réalisai à quel point j’étais en colère d’avoir été jetée en prison.
Parks et ses amis arrivèrent à ce moment-là. Je montai avec eux en voiture pour renter chez nous, la voiture de M. Nixon nous suivait.
Nous arrivâmes à la maison aux alentours de vingt-deux heures. Ma mère était très heureuse de mon retour et me demanda ce qu’elle pouvait faire pour moi. Je lui répondis que j’avais faim – pour une raison ou pour une autre, je n’avais rien avalé ce jour-là – et elle s’empressa de me préparer à manger. (…) Tout le monde était très en colère et ne cessait de répéter que cela ne devait plus jamais se reproduire. Pour ma part, je savais que plus jamais je ne mettrais les pieds dans un bus où régnait la ségrégation, je marcherais jusqu’au travail s’il le fallait. Je n’avais pas pris conscience que cet incident allait créer un cas de jurisprudence.
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Extrait traduit de l’anglais par Julien Bordier pour l’éditeur Libertalia.
Introduction et édition par Helena Zelic