L’art dans la lutte : Découvrez la musique puissante de Linqua Franqa

24/01/2024 |

Écrit par Bianca Pessoa

Mariah Parker est Linqua Franqa et convoque les gens au combat dans son dernier album, Bellringer

Photo: Craig Birchfield

Mariah et Moi, aussi connu.e sous le nom Linqua Franqa, est artiste hip hop, travailleur.euse de la culture, auteur.e-compositeur.e et MC. Iel vit actuellement à Atlanta, en Géorgie, aux États-Unis, et travaille dans la musique depuis sept ans. Le début de ce parcours est né du désir de se réinventer, et son dernier album est sorti en 2022.

La chanson titre, “Bellringer », est un hommage à Latasha Harlins, une jeune fille de 15 ans qui a reçu une balle dans la tête par derrière d’une propriétaire de marché en 1991 à Los Angeles, aux États-Unis. Cet épisode a été l’une des origines des manifestations qui ont envahi la ville en 1992, dans une série de soulèvements et de révoltes contre les brutalités racistes commises contre les personnes Noires et d’autres minorités, ainsi que contre l’impunité policière. « Quand les gens pensent aux émeutes de Los Angeles ils pensent à Rodney King, qui a été battu par la police, mais la mort de Latasha Harlins est souvent oubliée comme l’une des choses qui ont déclenché ce soulèvement fou dans la ville”, explique Mariah. La chanson capture ce moment, évoque sa mémoire et les manifestations qu’elle a inspirées, et se souvient de toutes les femmes noires qui sont mortes de manière insensée, en disant « si je meurs, ne priez pas, révoltez-vous ! »

En plus de la musique, Mariah travaille dans la culture et s’engage à faire de la production musicale et artistique quelque chose qui unit les gens. Lorsque ce travail a commencé, en 2013, le processus d’organisation de concerts de hip hop à Athens, également dans l’État de Géorgie, une ville majoritairement blanche, représentait une activité politique qui a fait tomber les barrières raciales. Mariah dit que « les genres musicaux ne se mélangeaient pas ». « Nous n’avions pas de spectacles de hip hop, les personnes blanches n’avaient pas l’habitude d’assister à ces spectacles ou avaient des idées fausses sur la communauté hip hop. L’objectif était donc de rapprocher ces cultures à travers ces événements avec l’intention de briser une partie de la ségrégation raciale qui existait encore ».

Écoutez l’album complet ici : 

L’art dans la lutte et pour la lutte

Pour Mariah, affronter le système capitaliste, raciste et patriarcal peut nous amener à ressentir de l’isolement, de la solitude, de la fatigue et de la dépression. Par conséquent, iel croit qu’il est important de stimuler la joie et la connexion entre les gens à travers l’art. Avec l’art, nous pouvons « créer des moments où nous sortons de notre isolement, nous réunissons et nous souvenons que la joie est possible et que c’est le monde que nous essayons de construire — un monde joyeux. Surtout pour la pérennité de la lutte, car c’est très difficile. Nous avons besoin de ces moments où nous pouvons simplement être vivant.e.s et humain.e.s. ».

L’art a encore plus de pouvoir quand il peut se fondre dans la lutte. « Nous célébrons, mais nous célébrons aussi le combat », a-t-iel déclaré. Pendant la pandémie, Mariah a commencé à faire plus de musique, comme un moyen de traiter ce qui était rapporté, combiné avec la théorie politique et les luttes populaires. Vidéos et performances publiées sur Internet représentait ce travail, comme Mariah plaisante. « Je ne dis pas que vous devez vous organiser avec des collègues et faire la grève, mais regardez cette idée géniale que vous pouvez envisager. J’utilise la musique pour ça aussi. » En plus de travailler sous le nom de Linqua Franqa, Mariah est également membre du Syndicat des travailleurs du secteur des services du Sud (Union of Southern Service Workers — USSW), qui organise les personnes travaillant dans le domaine de restauration rapide dans toute la région sud des États-Unis. Mariah se bat également pour la fin de la suprématie policière dans la campagne Stop Cop City [Por la fin de la ville policière].

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Mariah et de nombreux autres artistes du monde entier descendent dans la rue et protestent, à travers l’art, en solidarité avec la lutte palestinienne et contre l’occupation israélienne de la Palestine et la guerre à Gaza.

Langue originale : anglais

Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves

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