Soutenir la vie dans la dernière colonie d’Afrique

05/01/2021 |

Par Najat Khayya

Les femmes utilisent leurs connaissances politiques et culturelles pour avancer et libérer le Sahara Occidental

Foto/Photo: World March of Women/ Marcha Mundial de las Mujeres/ Marche mondiale des Femmes/ Marcha Mundial das Mulheres, 2007

Situé dans la région du Maghreb, qui couvre le nord et l’ouest du continent africain, le Sahara Occidental est la dernière colonie d’Afrique. Les femmes ont une plus grande responsabilité d’avancer, de diriger et de changer ce qui se passe ici.

Nos organisations sont la preuve qu’il est possible d’éduquer et de comprendre, politiquement et culturellement, les capacités de toutes les femmes du Sahara, ainsi que de construire un espace libre où elles peuvent exprimer leur propre voix. Ici, au Sahara Occidental, les femmes n’ont pas de nom, mais elles ont un rêve. Et nous construisons l’espace libre dont elles ont besoin.

C’est pourquoi nous travaillons à établir des relations d’alliance entre notre mouvement et d’autres organisations, au niveau local, continental et international. Nous faisons nos plus grands efforts pour accroître la visibilité de la cause du Sahara Occidental et de la lutte des femmes sahraouies qui se battent pour retourner dans leur pays libre.

Les femmes sahraouies sont systématiquement marginalisées. Plus de la moitié de la population du pays est contrainte de fuir pour vivre en exil, où il n’y a ni la vie normale à laquelle nous étions habituées, ni les possibilités économiques de nous soutenir. Et tout en portant cette responsabilité, les femmes prennent également soin des personnes, de la nature et des communautés, et mènent des luttes féministes dans le monde entier. La collaboration est la voie de la transformation et de faire une différence dans chaque étape que nous franchissons.

Les femmes sahraouies n’ont pas d’emploi parce que les entreprises opérant dans notre territoire occupé embauchent des personnes du Maroc au lieu d’employer notre peuple, même lorsqu’elles utilisent des ressources du Sahara Occidental. C’est sans aucun doute un grand défi pour nous, mais en même temps, nous essayons d’établir une base différente pour mettre fin à toute exploitation des ressources humaines et naturelles.

Nous essayons de redonner aux femmes leur place dans la société afin qu’elles jouent leur rôle dans la construction d’un meilleur avenir pour notre peuple. Et pour cela, nous avons besoin d’une nation libre.

Comme il n’y a pas de travail, nous cherchons des solutions alternatives pour assurer un avenir durable à chaque femme, mais nous avons encore beaucoup à faire pour affermir les femmes en changeant le centre du pouvoir et de l’autorité. Ce sont les femmes qui soutiennent la vie qui méritent d’être défendues, et c’est pourquoi nous sommes très capables de promouvoir de grandes transformations sociales.

Nous luttons contre l’occupation marocaine et contre la présence de sociétés transnationales qui renforcent le colonialisme. De nombreuses entreprises occidentales opèrent au Sahara Occidental, bien qu’il existe des entreprises africaines qualifiées pour réaliser les mêmes activités. C’est une question radicale au Sahara Occidental, mais aussi plus profonde. Nous avons de bons travailleurs et travailleuses dans des différents secteurs, alors pourquoi nous considérons-nous toujours comme le maillon le plus faible en ce qui concerne l’Afrique ? L’Afrique a de la formation et des ressources naturelles, mais nous dépendons toujours de pays étrangers tels que la Chine et la Corée.

Les sociétés occidentales et transnationales n’aiment pas l’Afrique, mais aiment la richesse de notre continent et se font de l’argent grâce à nous. C’est nous, le peuple, qui devrions nous bénéficier plus de notre propre continent. J’imagine que nous devons mettre fin à cette maladie sur nos territoires et construire ici le monde dans lequel nous méritons de vivre.

La lutte de chaque femme en Afrique et dans le monde entier est la lutte des femmes sahraouies. Je crois que nous verrons des progrès lorsque nous réaliserons que peu importe notre origine ou notre nationalité, car il y a une chose que nous devrons toujours revendiquer en tant que femmes : la construction collective d’un bon endroit pour vivre. Travaillons donc ensemble pour un monde pacifique, égalitaire et digne dans lequel nous méritons tous de vivre.

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Najat Khaya est chargée des affaires étrangères de l’Union Nationale des Femmes Sahraouies et membre de la Marche Mondiale des Femmes.

Traduit du portugais par Andréia Manfrin

Texte original en anglais

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