L’Union des comités des femmes palestiniennes (UCFP) est une organisation féministe, populaire, civile et progressiste fondée en 1980. Depuis lors, l’entité s’est toujours battue pour construire une société palestinienne civile, démocratique et progressiste, exempte de toute forme de discrimination, dans la poursuite de la justice. L’Union vise à améliorer la situation des femmes palestiniennes et à leur donner les moyens d’assurer une égalité réelle entre les hommes et les femmes et la justice sociale pour tous les secteurs de la société.
L’Union est considérée comme un élément clé du mouvement national palestinien luttant pour se débarrasser de l’occupation israélienne. L’organisation lutte aux côtés de tous les mouvements progressistes arabes et internationaux, contre l’agressivité de la mondialisation et contre toutes les formes de discrimination et d’injustice auxquelles tout groupe social dans le monde est exposé, en particulier les femmes.
À l’UCFP, nous croyons au droit des femmes en général, et des femmes arabes et palestiniennes en particulier, de lutter pour la liberté, l’égalité et la justice sociale face aux défis sous toutes les formes et pour toutes les causes. Ces défis sont représentés par les restrictions sociales imposées aux femmes, les privant de défendre leurs droits ; par les pratiques de l’occupation contre les fils et les filles de notre peuple ; et par l’image sociale stéréotypée qui marginalise les femmes et leur rôle.
Notre vision est basée sur l’importance du rôle du mouvement féministe et la nécessité de l’articuler en sensibilisant les femmes aux droits qui leur sont volés et à la viabilité de leur lutte pour la liberté et la justice sociale.
Malgré la netteté de sa vision des Droits humains, considérant les droits des femmes comme une composante essentielle du peuple palestinien, l’Union des comités de femmes palestiniennes a été confrontée et est toujours confrontée à des difficultés et à des défis qui cherchent à liquider son travail et son héritage historique en soutenant la résilience des femmes palestiniennes. Ces difficultés sont représentées dans les différentes arrestations subies par la présidente de l’UCFP, dans l’interdiction de voyager, dans la perquisition et la saisie des bénévoles et des employées de l’Union, dans l’invasion de son siège et dans la falsification de preuves et la confiscation des biens de l’organisation.
L’UCFP fait face à une campagne de diffamation lancée par l’entité coloniale sioniste, qui a qualifié l’organisation de terroriste. Les violations de cette occupation brutale ne se limitent pas à des actes de violence, de meurtre, d’expulsion et d’emprisonnement contre notre peuple, mais s’étendent également à nos anciennes organisations de défense des droits civils. Ces organisations ont toujours été considérées comme un organisme historique et militant qui exprime et défend les droits du peuple palestinien et les droits de ses femmes et de ses enfants.
Le 19 octobre 2020, le soi-disant ministre israélien de la Guerre et de l’Occupation, Benny Gantz, a classé six institutions palestiniennes établies des droits humains e et de la société civile comme des « institutions terroristes » en vertu de la Loi antiterroriste israélienne de 2016. Un ordre militaire a également été émis le 3 novembre 2021 déclarant « l’illégalité » de ces institutions, pour étendre l’application de cette résolution au territoire palestinien occupé.
Cette classification a lieu au milieu des politiques continues de l’occupation, qui sapent et restreignent tout ce qui est palestinien et démantèlent tout organe de protection, de défense et de soutien du peuple palestinien, de ses femmes, de ses personnes âgées et de ses enfants. C’est juste une preuve incontestable de l’importance de notre rôle dans la lutte contre les politiques de l’occupation contre nos femmes palestiniennes, qui comprennent des arrestations, des meurtres, des agressions et des persécutions. Pourtant, cette classification est une autre étape et un élément fondamental dans l’escalade d’une série de campagnes systématiques de diffamation contre les militants et militantes, hommes et femmes, des institutions de défense des droits humains. Il s’agit d’une extension de la politique de l’apartheid et l’imposition d’un contrôle sur le peuple palestinien, y compris toutes ses composantes.
La décision de criminaliser ces institutions légitimerait la vengeance contre elles et les exposerait au risque d’être tenues responsables de leurs actes. Puisque cette classification vise à liquider la main-d’œuvre civile palestinienne, cela signifie interdire les activités de ces institutions, couper leur financement et préparer l’arrestation de leurs employés et bénévoles, en les accusant d’appartenir à des organisations terroristes. Enfin et surtout, ils légitiment les descentes de police, la confiscation de leurs biens et la fermeture de leurs portes.
Cette classification inquiète les femmes qui travaillent dans l’Union des comités de femmes palestiniennes – 45 employées travaillent dans l’Union, qui, à son tour, offre des opportunités d’emploi à environ 60 éducatrices dans les jardins d’enfants, ainsi qu’aux femmes qui bénéficient d’un soutien psychologique, juridique, social et économique dans les programmes de l’entité. Ces femmes sont devenues plus vulnérables à la violence, car elles souffrent d’être privées de ce soutien. En outre, les jardins d’enfants Ghassan Kanafani, affiliés à l’Union des comités de femmes palestiniennes – pour la plupart situés dans des zones et des communautés palestiniennes marginalisées –, assurent la formation d’environ un millier d’enfants chaque année. La classification [du terrorisme, émise par l’occupation israélienne] prive ces enfants du droit à l’éducation assuré à tous les enfants du monde.
Cette classification n’a aucune justification juridique et consiste donc en un certain nombre d’inventions et d’accusations infondées. L’élément le plus important qui le prouve est peut-être la déclaration de neuf pays européens sur la continuité de leur coopération avec les six institutions palestiniennes classées « terroristes », en l’absence de preuves des allégations d’occupation. Ces pays ont confirmé qu’ils poursuivront leur coopération en l’absence de preuves pour corroborer les allégations, ce qui indique la nécessité de s’attaquer sérieusement à cette classification injuste et arbitraire contre les institutions de défense des droits humains.
Nous, de l’Union des Comités de femmes palestiniennes, croyons en notre droit humanitaire et national, légitimé par tous les statuts humanitaires et internationaux, de réaliser notre rêve et notre vision de nous débarrasser de l’occupation et de vivre dignement sur notre terre. Nous croyons en notre droit de pratiquer toutes les formes de réponse légitime. Par conséquent, le processus de défense des droits des femmes palestiniennes et de leur offrir un soutien psychologique et juridique, de les renforcer économiquement et socialement et de stimuler l’exercice de leur rôle, restera un objectif élevé que nous cherchons à atteindre.
De plus, notre droit à la liberté et à l’expression de notre position féministe sur les questions est un élément fondamental de notre foi et de notre conviction dans notre cadre féministe, malgré toutes les tentatives de distorsion et toutes les formes d’injustice contre nos femmes, qui souffrent face à la pauvreté, l’exploitation, l’oppression et le colonialisme. Nous affirmons également que notre lutte pour notre liberté et pour la liberté de nos femmes fait partie intégrante de la vision pour laquelle nous nous sommes battues, hier et aujourd’hui. De cette façon, nous n’hésiterons pas à défendre nos droits historiques fermes. Cette classification [du terrorisme] ne fera qu’accroître notre persévérance, notre détermination et notre volonté de continuer à revendiquer nos droits usurpés et à résister à l’entité d’occupation et à ses décisions arbitraires.
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Tahreer Jaber est membre de la Marche Mondiale des Femmes en Palestine et directrice exécutive de l’Union des comités des femmes palestiniennes.