Les femmes palestiniennes sont une source de terreur pour les sionistes

15/01/2025 |

Maryam Abu Daqqa

Lisez l'analyse de Maryam Abu Daqqa sur la lutte des femmes palestiniennes contre le génocide

Mon histoire est la même que celle de nombreuses femmes palestiniennes. Je suis restée exilée pendant 30 ans. Je ne pouvais pas entrer dans mon pays, mais en dehors de celui-ci, j’ai commencé à me battre même dans la résistance armée. J’étais la commandante d’un groupe de résistance armée au Liban. En Libye, en Irak, en Syrie et partout où il y a des camps de réfugiés palestiniens, nous ne pouvons pas avoir une vie normale. Dans tous les pays où nous allons, nous n’avons pas la possibilité de vivre et d’avoir la stabilité. Ce sont d’autres pays, avec d’autres cultures, d’autres contextes.

Ma réaction naturelle a été de continuer à me battre. Mon seul espoir était de ne pas mourir en dehors de la Palestine, de ne pas être enterrée à l’étranger. Je suis restée en prison pendant cinq ans. Quand ils m’ont emmenée en prison, je jouais dans la rue, j’étais une gamine. Ils m’ont posé quelques questions. J’avais écrit quelques phrases de solidarité sur un bout de papier. Quand ils m’ont interrogée sur ces déclarations, j’ai dit : « Je ne sais pas, je ne sais rien. » Ma mère me disait : « S’ils peuvent te faire parler, tu ne seras plus ma fille, tu ne l’as jamais été ». Ce sont les mots qui ont sonné à mes oreilles et qui m’ont rendu forte.

J’ai été jugée par un tribunal militaire. J’avais quinze ans, je devais être à l’école, je devais jouer avec les autres filles. Mais à cette époque, j’avais besoin d’avoir plus de 15 ans. Nous disons toujours que nous sommes nés plus vieux, nous sommes déjà nés grands. Nous naissons plus vieux parce que, depuis l’enfance, la tragédie et le désastre font partie de notre vie.

Avec cette guerre, avec le génocide, ils imposent l’apartheid, le racisme. Ainsi, Israël essaie de se débarrasser complètement du peuple palestinien. Il y a des familles entières qui n’existent plus à Gaza. Des familles dans lesquelles il n’y plus ni père, ni mère, ni enfants, ni petits-enfants, plus rien ni personne. C’est une guerre mondiale. Gaza est le titre principal, mais la guerre à Gaza est une guerre contre tous les peuples libres du monde. Le but de l’impérialisme, au niveau international, sous la direction des États-Unis, est de dominer ce que nous appelons la région arabe. Les États-Unis sont la tête du serpent, le pays qui met le feu partout.

Un peuple sous occupation et invasion doit résister jusqu’à la mort. Mais le conquérant n’a rien à dire sur la résistance, sur l’autodéfense. De quelle légitime défense pourrait-il parler ? Malheureusement, il y a beaucoup de manipulations médiatiques à travers le monde. Il n’y aura pas de liberté dans le monde tant qu’on nous empêchera d’avoir un État libre. Nous avons besoin d’une révolution culturelle capable de transmettre le vrai récit au monde entier, en évitant la manipulation pratiquée par les médias sionistes et impérialistes dans diverses parties du monde. Ce sont des créatures vampires qui sucent le sang des peuples libres.

Dans la mer de Gaza, il y a beaucoup de gaz naturel. L’un des objectifs qu’ils entendent atteindre avec cette guerre est le contrôle des ressources naturelles. Les impérialistes veulent rayer la Palestine de la carte et changer complètement les caractéristiques géographiques, morphologiques, historiques et culturelles du Moyen-Orient, de sorte que cette région ne devienne pour eux qu’une source de gaz et de pétrole.

Beaucoup croient qu’Israël est le pays qui possède la terre. Les légendes religieuses et les mensonges soutiennent qu’ils étaient là depuis je ne sais plus combien de temps. Malheureusement, ce genre de mythe a inspiré le fameux accord entre l’Angleterre et la France de 1917, qui a créé l’État sioniste en tant que projet colonial en Palestine. Et maintenant, ils disent qu’ils sont très appréciés par Donald Trump. Eh bien, si Trump veut leur offrir un cadeau, qu’il leur offre Washington ou n’importe quel autre terrain là-bas, sans toucher aux terres d’autrui.

Nous n’avons rien contre les Juifs, les chrétiens ou les Musulmans ; nous sommes contre la conquête. Nous sommes contre la colonisation.

Nous sommes un peuple comme tous les autres peuples du monde. Nous avons le droit d’avoir un État indépendant avec sa capitale à Jérusalem. Gaza est une révolution de tous ceux qui sont et veulent être libres, une révolution primordiale. Et c’est pourquoi, d’ici à Gaza, de Palestine, nous voulons exprimer notre gratitude à tous et toutes les camarades de tant d’endroits dans le monde qui nous aident à élever la voix et à nous exprimer.

Nous apprécions grandement le rôle du Liban et de tant d’autres pays qui ont perdu des milliers de personnes pour leur soutien au peuple palestinien.

Même s’il ne nous reste qu’une seule femme avec un embryon, de cet embryon naîtra une résistance contre Israël. Cette entité artificielle fabriquée, ce projet colonial appelé l’État d’Israël, prendra un jour fin. C’est notre rêve. Nous avons confiance et croyons pleinement que la victoire viendra.

Les femmes palestiniennes voient le toit tomber sur la tête de leurs enfants et courent dans la rue, où il n’y a que des avions et des fusils de chasse. Elles n’ont ni nourriture ni médicaments pour leurs enfants, elles n’ont rien. Par conséquent, nous devons former un front féministe international contre l’impérialisme, soutenir les femmes palestiniennes et mettre fin à la guerre.

Les femmes représentent la moitié de la communauté et de la société. Ce sont les femmes palestiniennes qui accouchent et éduquent la société future. Salutations à toutes les mères, à toutes les femmes et à tous les grands dirigeants, Marwan Barghouti, Ahmed Saadat, entre autres, aux 94 femmes palestiniennes assassinées en prison et aux 12 000 prisonniers palestiniens qui sont à l’isolement dans les prisons sionistes. La lutte ne se fait pas seulement avec des armes, elle se fait aussi à travers d’autres formes de résistance. Éduquer les enfants est une façon de se battre, de leur apprendre leur identité, afin qu’ils s’identifient en tant que Palestiniens.

Les femmes palestiniennes sont une source de terreur pour les sionistes. Les femmes palestiniennes se battent dans tous les secteurs, dans tous les domaines, dans toutes les sphères.

La démocratie et la liberté ne viendront pas de la terre occupée. Ce dont nous avons besoin, c’est de paix : une paix juste pour le monde entier, pas une paix basée sur la domination ou les hégémonies. Nous voulons un monde sans fascisme, sans racisme, sans conquête et colonisation. Un monde socialiste, un monde libre, un monde de vraie démocratie — non pas une fausse démocratie. La lutte unie et solidaire de toutes les femmes et de tous les hommes est la force contre l’impérialisme, contre le bloc maléfique, contre le fascisme.

Ce texte est une édition du discours de Maryam Abu Daqqa lors de la conférence de presse tenue par Alba mouvements en novembre 2024.

Édition par Bianca Pessoa
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : espagnol

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