« J’ai vu des femmes » : poème de Fatma Al Ghalia

07/03/2025 |

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Le poème de Fatma Al Ghalia appelle les femmes à s'unir dans leur diversité

Fatma Al Ghalia est journaliste, écrivaine et poète sahraoui. Actuellement, elle est présidente de la Ligue de Journalistes et Écrivains Sahraouis en Europe. Elle vit au Pays Basque et se considère « une combattante pour les libertés, en particulier la liberté des femmes ».

Son poème « J’ai vu des femmes » a été lu pendant l’activité de pré-lancement de la 6e Action internationale de la Marche Mondiale des Femmes (MMF), qui a eu lieu le 18 février, Journée de solidarité envers la femme sahraouie. L’événement a eu la participation de militantes de la MMF e différentes régions du monde, de Leaders sahraouis et militantes des organisation populares partenaires. La lutte pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental é une lutte anticoloniale des féministes du monde entier.

À partir de ce poème, je dénonce les injustices contre les femmes à la sphère internationale et je cherche donner de la visibilité aux luttes des femmes et leurs résistances à travers l’art moderne et la poésie qui reflète la capacité de survivre face à des adversités. Les femmes paient souvent le prix d’un monde dominé par le patriarcat.

J’ai vu des femmes

J’ai vu des femmes dans des corps de gamines,
qui ne connaissent pas leur enfance.

J’ai vu des femmes déplacées avec ses
enfants sur le dos sans savoir à qui faire appel.

J’ai vu des femmes surgir du néant,
tenaces et persévérantes,
transformant le désert
en un magnifique jardin potager.

J’ai vu des femmes à l’aube,
J’ai vu des femmes à l’aube,
pétrissant le pain et donnant à manger,
au crépuscule, attendant
le mari revenir de la guerre.

J’ai vu des femmes accoucher à la lueur d’une bougie,
versant des larmes pour voir
leurs bébés naître.

J’ai vu des femmes sans défense crier
désespérées, cherchant la paix
dans les tranchées.

J’ai vu des femmes s’accrocher à leur foi,
attendant le calme, le calme, le calme
qui ne vient pas, têtues et endormies, l’attendant
avec calme et espoir.

J’ai vu des femmes soldats dans des guerres
mains tachées de sang, tuant
des innocents sans pitié.

J’ai vu des femmes occidentales solidaires,
au milieu du désert sans demander
rien en retour.

J’ai vu des femmes africaines et latines
humbles, avec des richesses dans le cœur,
qui n’avaient rien à se mettre sous la dent
et qui ont réussi à éduquer
une génération.

J’ai vu des femmes gitanes danser
au rythme du flamenco, autour
d’un feu de joie sans demander
rien à la vie.

J’ai vu des femmes australiennes
sans hâte, qui donnaient au temps un visage
et à l’espace une voix.

J’ai vu des femmes asiatiques enracinées
à leurs coutumes, avec une physionomie bien marquée
travaillant côte à côte
sans repos ni sécurité.

J’ai vu des femmes arabes pieuses,
priant au coucher du soleil, demandant
la miséricorde, sans que personne
ne leur prête attention.

J’ai vu des femmes caribéennes donner
du sang de leurs veines pour donner la vie
à la mort en Afrique,
sans attendre un
ordre de la famille.

J’ai vu un arc-en-ciel de femmes :
brunes, métisses, noires, blanches,
blondes… S’enracinant
partout dans le monde.

J’ai vu tant de femmes et je n’en ai toujours pas vu
assez, je sais que nous sommes différentes,
mais le fait que nous soyons des femmes est ce qui nous unit,
nous donnons vie à la vie,
pour autant, nous ne pouvons pas
être différentes
aux injustices
dans cette vie.

Rédaction par Helena Zelic
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves

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